Comparution immédiate : le fiché « S » veut intégrer une « prison de djihadistes » en métropole


PAPEETE, le 10 septembre 2018 - Désormais très bien connu de la justice, le seul fiché S de Tatutu a comparu ce lundi devant le tribunal correctionnel pour plusieurs infractions commises au sein de la prison et ce, en état de récidive légale. L’homme a été condamné à une peine de huit mois de prison ferme alors que le procureur de la République avait requis 4 ans de prison ferme.

Le prévenu de 29 ans jugé ce lundi en comparution immédiate était poursuivi pour pas moins de 11 infractions commises au centre de détention de Tatutu entre le 20 et le 25 février dernier. Enervé car il pensait à tort que les gardiens avaient jeté son linge dans la poubelle, l’homme s’en était violemment pris aux agents de l’administration pénitentiaire en les menaçant de mort avant de détruire le mobilier de sa cellule.

Le prévenu, seul fiché « S » de la prison, avait alors déclaré qu’il vouait « une haine » féroce aux gardiens de prison.

Transfert en métropole

Présenté ce lundi en comparution immédiate, l’homme a, comme lors de ses précédentes comparutions, fait preuve d’une grande agressivité. A la barre, le prévenu a craché sur le sol à de nombreuses reprises sans répondre aux questions posées par le président du tribunal. Alors que ce dernier évoquait son casier judiciaire qui comporte plus de 20 condamnations, le fiché « S » a indiqué aux magistrats que son seul souhait était de rejoindre la métropole afin d’intégrer une « prison djihadiste. »

Tel que l’a rappelé le tribunal, cet homme à la personnalité « psychopathique » est né dans un contexte de violences dont il avait été extrait dès son plus jeune âge pour être confié à une famille adoptive en métropole. Puis, il était revenu à Tahiti où la rencontre avec sa famille biologique ne s’était pas « bien passée. »

Malgré un diplôme spécialisé en perliculture, le prévenu avait été incarcéré à Nuutania où il avait rencontré un détenu radicalisé qui venait juste d’être transféré de métropole.

Lors de ses réquisitions, le procureur de la République a insisté sur le climat que fait régner le prévenu au sein de la prison : « c’est incident sur incident… Les gardiens de prison, eux-aussi passent quasiment tout leur temps en milieu carcéral et ils n’ont pas à être menacés ou insultés ! »

Me Ayoun, qui a déjà défendu le prévenu à plusieurs reprises, a plaidé en invoquant la carapace que se forge son client au fil des évènements : « il se donne l’image d’un « bad boy » mais il se trouve dans un cercle vicieux, c’est une apparence qu’il veut donner. Depuis qu’il est fiché « S », il est traité comme un animal. »

L’homme a finalement été condamné à 8 mois de prison ferme.


Rédigé par Garance Colbert le Lundi 10 Septembre 2018 à 17:07 | Lu 3919 fois